Aujourd'hui rando douce dans la campagne habillée de ses frusques
d'automne... La lune engrossée et épanouie de cette nuit semble avoir avalé le
soleil... Nos yeux ont beau passer et repasser sur les paysages et les pâturages
tout reste brumeux ou presque. Des buses s'interpellent, s'écoutent, plongent
derrière les pommiers chapeautés de grosses pommes rouges et là haut dans le
pré les chevaux nous regardent passer.
Les uns, les autres ont besoin de raconter... ce n'est pas nouveau pour moi,
mais jamais je ne saurai m'intéresser à des choses sérieuses, à des choses de
femmes sérieuses, des choses qui tiennent à cœur... ce que je veux moi, ce
pourquoi je donnerai tout c'est ce morceau de terre boueuse de sang et d'eau qui
ne sert à rien mais qui au printemps prochain nous offrira des champs de
fleurs.
Je m'assoirais bien là, à les attendre...
René, serre-file s'impatiente... Un petit tour à Longpra et ma foi ce n'est
pas qu'il fisse frisquet mais l'humidité nous colle le maillot. Pourvu que la
salle soit chauffée.
Pas de cheminée qui flambe, ni bouquet d'hortensia sur la table mais une
délicieuse chaleur. En moins de deux tout est installé, je ne pense à rien, je
goûte aux plaisirs des uns et des autres. Tous les groupes ne sont pas arrivés,
dieu que nous avons faim, on les entend, ils entrent.
Des vieux aux cheveux blancs, des couples dont l'homme parle avec les
mains, un autre à la bouche volubile et un autre aux joues rosies par le bon
air. Celle ci qui pouffe pour un oui pour un non et invite comme un bâillement à
en faire tout autant.
Les mains tripotent, trifouillent, farfouillent dans les plats, les bols,
les assiettes étalées et à proximité.
Pas un n'a mis sa serviette au cou.
Jean le chef d'orchestre va diriger les trompettes, les violons... il
trinque à la santé de tous et de notre section... un petit coup, deux et plus du
tout de chichi, on ne chipote sur rien et on reprend de tout. Voix sirupeuse
ici, braillarde là, un sourire par ci, un acquiescement par là... c'est comme si
on prenait le dernier soleil du jour, on goûterait à tout avant d'entrer dans le
sommeil, d'ailleurs René prend un acompte et pique un roupillon avant un
tonitruant "fanafoude".
Ici pas de tristesse ou solitude, les visages durs ont fondu, je crois même
voir un peu de tendresse et pas de véritable pauvreté, je parle ici de celle du cœur.
Jean fait le bilan, pas besoin d'être ingénieur c'est clair, c'est net,
sans bavure et "à la louche".
Marie-Pierre en rajoute une couche.
Ce qu'on retient "ça roule ma poule".
Anesthésiés on a du mal à soulever nos derrières de la chaise, c'est que
dehors le soleil tourne très vite, le rapide crépuscule s'étale sur les toits de
Massieu, plus de table mais dans l'invisible bouquet d'hortensias naissent des
mauves émouvants.
Jean ne va pas tarder à causer ! |
Photos de Nicole Beauvy (groupe 2)
Groupe 2 dans le bois de Servelongue |
Toute la RAM se régale |
Texte de Régine Dupuy (groupe 2), photos de En Ho Van (groupe 3)
UNE A. G. DE RÊVE
Photos de Monique Senzier (groupe 3)
Photos de Patrice Amiel (groupe 2)
UNE A. G. DE RÊVE
Dans notre bon royaume astasien, le roi se prénomme Jean.
Tous les mardis, il sillonne ses terres de Vanoise à
Belledonne sur son mulet qui porte le doux nom de Philibert.
Il s’en va, entouré de preux chevaliers qui brandissent
GPS et cartes comme autant d’oriflammes. Il y a aussi les gentes dames qui,
l’une , drapée d’hermine, veille sur les cordons de la bourse; qui, l’autre, boucles jaillissant du hennin,
court de l’un à l’autre entourée d’une nuée de pages aussi ordonnés
qu’efficaces.
Ils vont donc, suivis d’une armée de courtisans aux
fronts dégarnis ou chevelures de neige. Tous avancent gaillardement, oubliant
genoux cagneux et hanches brinquebalantes, pour découvrir un peu de ce monde et
partager maintes ripailles et bons mots.
Il ne manque que les tambours et trompettes mais… une
étrange musique tonne à mes oreilles, je sursaute, une sonnerie de téléphone…
Me serais-je endormie lors de l’AG ?
Ouf ! Tout va bien à la RAM.
Finalement ce n’est peut-être pas tout à fait un
rêve ; ne sommes-nous pas, l’espace d’un instant, le mardi, dans une
parenthèse un peu magique ?
La salle bien pleine |
Château de Longpra |
Perles d'eau |
Dans la forêt |
Après le réconfort, l'effort ! |