Texte de Gisèle Rigal
Aujourd’hui
direction la Bastille, randonnée de remplacement car la randonnée prévue aux
Pays des Abrets a été annulée pour cause de temps instable avec risque de pluie
intense.
La Bastille
C’est un fort
militaire surplombant la ville de Grenoble. Il culmine à 476 m d’altitude sur
les derniers contreforts de la Chartreuse. Accessible en téléphérique, à pied
ou en vélo ou en voiture, la Bastille qui donne son nom à la colline est le
premier site touristique de l’agglomération.
Départ de
l’Esplanade, quartier connu de tous les Grenoblois, en partie à cause de la
Foire des Rameaux qui s’y installe chaque année.
On peut monter à
la Bastille par moult chemins, les uns un peu plus raides que les autres, un
peu plus directs que d’autres. J’ai choisi celui qui passe par le quartier
Saint Laurent.
Nous allons donc
cheminer sur les quais rive droite et remonter le temps avant de monter à la
Bastille.
Attaquée,
occupée, battue, envahie la ville a toujours cherché à se défendre, se
protéger, c’est pourquoi, où que l’on randonne à proximité de Grenoble, il y a,
ici un fort, là des morceaux de fortifications, une poudrière, un reste de rempart...
Grenoble,
antique Cularo, poste militaire des Allobroges, a été élevée au rang de cité
par l’empereur Gratien qui y fonda un évêché et lui donna son nom
Gratianopolis.
Pas loin des
frontières elle a résisté aux Lombards (6 è) elle a été occupée (9è et 10è) par
les Arabes...elle est ensuite devenue capitale du Dauphiné avant d’être cédée à
la France.
Au cours des
guerres de religions c’est Lesdiguières qui contraint Grenoble à se rendre,
après s’être emparé de la ville il en devient le gouverneur et assure sa
prospérité, sa défense par la construction d’une enceinte bationnée, succession
de casemates voûtées, de galeries de fusillades et de banquettes à tir (1591
1620) Cet ensemble militaire est nommé Bastille en 1591 et est verrouillé par
des Portes.
Les Portes.
Une d’elle, la
Porte de France est officiellement, depuis 1935, le monument aux morts de la
première guerre mondiale. Il totalise 1722 noms sous ses voûtes.
Petit retour en
arrière, c’est au XI è s, sur la rive droite de l’Isère, le long de la voie
Romaine allant vers Chambéry que le premier faubourg de Grenoble s’est
développé autour du prieuré Saint Laurent. Serré entre les pentes du Rabot et
la rivière, le faubourg se composait d’une rue unique bordée de maisons des
deux côtés, conduisant au prieuré par le seul pont nommé « Pont de bois » qui
permettait de communiquer avec la rive gauche. Des portes fermaient les
extrémités du quartier pour en assurer la défense. Rive droite, en face du
pont, devenu depuis le Pont Saint Laurent (1790) la Porte Chalemont ouvrait sur
la route de Lyon qui passait par le Rabot. Nous sommes Place de la Cimaise (Cimaise
désigne la moulure supérieure d’une corniche) La Porte Chalemont a été
détruite. C’est contre le mur construit pour en assurer la fermeture, que le
sculpteur Victor Sappey a adossé une fontaine en pierres blanches de Sassenage
qui représente un lion tenant dans ses griffes un serpent de bronze. Le lion
symbolise le Drac et le serpent l’Isère en raison de ses nombreux méandres. La
rue saint Laurent est paisible et silencieuse aujourd’hui, comment imaginer
toutes les activités qui occupaient les habitants de jadis ? En effet les
productions, maraichères, la vigne, les fruits provenaient des coteaux de la
Bastille et approvisionnaient le commerce. Ganterie et tissage prospéraient au
point d’occuper un quart de la population, s’y ajoutait l’artisanat de la
galoche, chapelleries, clouterie et cordonnerie…et qui s’imaginerait
aujourd’hui tous les métiers liés à la vente, boucherie, boulangerie, friperie.
Les chirurgiens, arracheurs de dents, ou les maîtres d’armes exerçaient leur
art parfois dans la rue. Seuls, nobles et magistrats résidaient dans de hautes
demeures, de belles allures, conservées encore aujourd’hui.
Les bateliers
étaient nombreux, les fontainiers qui négociaient l’eau des sources pour les
habitants, aussi. C’est en 1756 que des consuls font élever la fontaine qui
existe encore à côté de la Maison Jouvin (créateur de la ganterie moderne) Elle
porte cette inscription latine (traduite) En l’an du seigneur 1746 - ici
coule une eau salubre pour le peuple altéré - C’est la seule inscription
latine retrouvée à Grenoble.
Activité
prestigieuse pour la ville, la frappe de la monnaie (des florins d’or dont le
revers portait une fleur de lys) Elle s’effectuait au pied de la montée
Chalemont, l’atelier a fonctionné jusqu’en 1732. Qui eut cru qu’en complément
de l’Hôpital Général il y avait de ce côté-ci de la rive, tenu par des
religieuses, l’Hôpital de la Providence ? Par contre c’est sans peine qu’on
imagine l’hospice au 40 rue Saint Laurent, il existe encore aujourd’hui à deux
pas, il a les mêmes fonctions mais pas le même nom. Le quartier est toujours
dominé par le couvent Sainte Marie d’en Haut aujourd’hui Musée Dauphinois.
C’est dans ses murs qu’une école y avait été installée pour instruire les
enfants du peuple.
Le culte catholique
était pratiqué au monastère Saint Laurent, devenue paroisse avec sa petite
chapelle baptisée Notre Dame des Douleurs. Comment ne pas évoquer la situation
précaire du quartier, ses éboulements réguliers, épidémies, invasions
incessantes… C’est au début du XVII è s que Lesdiguères fait édifier les
ramparts du Mont Rachais, un bastion englobant tout le quartier et verrouillant
les accès par deux Portes. La Porte de France formant un passage obligé entre
roc et rivière et la Porte Saint Laurent édifiée en 1615. La Porte Saint
Laurent permet de gagner la vallée du Grésivaudan et la Savoie. Cette porte
date de 1832 et a été construite sur l’emplacement de l’ancienne porte élevée
en 1615. Elle a conservé ses machicoulis protégeant le passage voûté, deux
bretèches (logettes en saillie qui servait à la défense des portes piétonnières)
mais elle a perdu son inscription.
Quelques siècles
plus tard face au Piémont – Sardaigne c’est le Général Haxo qui de 1820 à 1848,
qui, en se passant des limites médiévales et en se servant de frontières
naturelles comme le Drac et reprenant des projets de Vauban (2 siècles plus tôt)
poursuit la construction et le renforce les fortifications en cascade le long
de la Bastille.
La Casemate fait
partie des fortifications et servaient à entreposer des pièces de canon et à
loger des troupes.
La Casemate.
Après des années d’abandon, aujourd’hui c’est un centre culturel scientifique,
technique et industriel.
Ouvert depuis
1979 il est le second centre culturel en France après le Palais de la
Découverte à Paris. Il y a trois, quatre ans, un incendie criminel l’a en
partie endommagé, et il a fallu de nombreux et coûteux travaux pour la
restaurer.
Saint Laurent
La place, située
à l’extrémité de la rue Saint Laurent, la plus ancienne des rues de Grenoble,
devant la Porte du même nom doivent leur dénomination à l’église souterraine
placée sous le vocable de Saint Laurent et construite en l’an 350.
Photos de Patrice Amiel