04/01/2022 : Grenoble - Mont Jalla

Texte de Gisèle Rigal

Aujourd’hui direction la Bastille, randonnée de remplacement car la randonnée prévue aux Pays des Abrets a été annulée pour cause de temps instable avec risque de pluie intense.

La Bastille
C’est un fort militaire surplombant la ville de Grenoble. Il culmine à 476 m d’altitude sur les derniers contreforts de la Chartreuse. Accessible en téléphérique, à pied ou en vélo ou en voiture, la Bastille qui donne son nom à la colline est le premier site touristique de l’agglomération.
Départ de l’Esplanade, quartier connu de tous les Grenoblois, en partie à cause de la Foire des Rameaux qui s’y installe chaque année.
On peut monter à la Bastille par moult chemins, les uns un peu plus raides que les autres, un peu plus directs que d’autres. J’ai choisi celui qui passe par le quartier Saint Laurent.
Nous allons donc cheminer sur les quais rive droite et remonter le temps avant de monter à la Bastille.
Attaquée, occupée, battue, envahie la ville a toujours cherché à se défendre, se protéger, c’est pourquoi, où que l’on randonne à proximité de Grenoble, il y a, ici un fort, là des morceaux de fortifications, une poudrière, un reste de rempart...
Grenoble, antique Cularo, poste militaire des Allobroges, a été élevée au rang de cité par l’empereur Gratien qui y fonda un évêché et lui donna son nom Gratianopolis.
Pas loin des frontières elle a résisté aux Lombards (6 è) elle a été occupée (9è et 10è) par les Arabes...elle est ensuite devenue capitale du Dauphiné avant d’être cédée à la France.
Au cours des guerres de religions c’est Lesdiguières qui contraint Grenoble à se rendre, après s’être emparé de la ville il en devient le gouverneur et assure sa prospérité, sa défense par la construction d’une enceinte bationnée, succession de casemates voûtées, de galeries de fusillades et de banquettes à tir (1591 1620) Cet ensemble militaire est nommé Bastille en 1591 et est verrouillé par des Portes.

Les Portes.
Une d’elle, la Porte de France est officiellement, depuis 1935, le monument aux morts de la première guerre mondiale. Il totalise 1722 noms sous ses voûtes.
Petit retour en arrière, c’est au XI è s, sur la rive droite de l’Isère, le long de la voie Romaine allant vers Chambéry que le premier faubourg de Grenoble s’est développé autour du prieuré Saint Laurent. Serré entre les pentes du Rabot et la rivière, le faubourg se composait d’une rue unique bordée de maisons des deux côtés, conduisant au prieuré par le seul pont nommé « Pont de bois » qui permettait de communiquer avec la rive gauche. Des portes fermaient les extrémités du quartier pour en assurer la défense. Rive droite, en face du pont, devenu depuis le Pont Saint Laurent (1790) la Porte Chalemont ouvrait sur la route de Lyon qui passait par le Rabot. Nous sommes Place de la Cimaise (Cimaise désigne la moulure supérieure d’une corniche) La Porte Chalemont a été détruite. C’est contre le mur construit pour en assurer la fermeture, que le sculpteur Victor Sappey a adossé une fontaine en pierres blanches de Sassenage qui représente un lion tenant dans ses griffes un serpent de bronze. Le lion symbolise le Drac et le serpent l’Isère en raison de ses nombreux méandres. La rue saint Laurent est paisible et silencieuse aujourd’hui, comment imaginer toutes les activités qui occupaient les habitants de jadis ? En effet les productions, maraichères, la vigne, les fruits provenaient des coteaux de la Bastille et approvisionnaient le commerce. Ganterie et tissage prospéraient au point d’occuper un quart de la population, s’y ajoutait l’artisanat de la galoche, chapelleries, clouterie et cordonnerie…et qui s’imaginerait aujourd’hui tous les métiers liés à la vente, boucherie, boulangerie, friperie. Les chirurgiens, arracheurs de dents, ou les maîtres d’armes exerçaient leur art parfois dans la rue. Seuls, nobles et magistrats résidaient dans de hautes demeures, de belles allures, conservées encore aujourd’hui.
Les bateliers étaient nombreux, les fontainiers qui négociaient l’eau des sources pour les habitants, aussi. C’est en 1756 que des consuls font élever la fontaine qui existe encore à côté de la Maison Jouvin (créateur de la ganterie moderne) Elle porte cette inscription latine (traduite) En l’an du seigneur 1746 - ici coule une eau salubre pour le peuple altéré - C’est la seule inscription latine retrouvée à Grenoble.
Activité prestigieuse pour la ville, la frappe de la monnaie (des florins d’or dont le revers portait une fleur de lys) Elle s’effectuait au pied de la montée Chalemont, l’atelier a fonctionné jusqu’en 1732. Qui eut cru qu’en complément de l’Hôpital Général il y avait de ce côté-ci de la rive, tenu par des religieuses, l’Hôpital de la Providence ? Par contre c’est sans peine qu’on imagine l’hospice au 40 rue Saint Laurent, il existe encore aujourd’hui à deux pas, il a les mêmes fonctions mais pas le même nom. Le quartier est toujours dominé par le couvent Sainte Marie d’en Haut aujourd’hui Musée Dauphinois. C’est dans ses murs qu’une école y avait été installée pour instruire les enfants du peuple.
Le culte catholique était pratiqué au monastère Saint Laurent, devenue paroisse avec sa petite chapelle baptisée Notre Dame des Douleurs. Comment ne pas évoquer la situation précaire du quartier, ses éboulements réguliers, épidémies, invasions incessantes… C’est au début du XVII è s que Lesdiguères fait édifier les ramparts du Mont Rachais, un bastion englobant tout le quartier et verrouillant les accès par deux Portes. La Porte de France formant un passage obligé entre roc et rivière et la Porte Saint Laurent édifiée en 1615. La Porte Saint Laurent permet de gagner la vallée du Grésivaudan et la Savoie. Cette porte date de 1832 et a été construite sur l’emplacement de l’ancienne porte élevée en 1615. Elle a conservé ses machicoulis protégeant le passage voûté, deux bretèches (logettes en saillie qui servait à la défense des portes piétonnières) mais elle a perdu son inscription.
Quelques siècles plus tard face au Piémont – Sardaigne c’est le Général Haxo qui de 1820 à 1848, qui, en se passant des limites médiévales et en se servant de frontières naturelles comme le Drac et reprenant des projets de Vauban (2 siècles plus tôt) poursuit la construction et le renforce les fortifications en cascade le long de la Bastille.
La Casemate fait partie des fortifications et servaient à entreposer des pièces de canon et à loger des troupes.

La Casemate.

Après des années d’abandon, aujourd’hui c’est un centre culturel scientifique, technique et industriel.
Ouvert depuis 1979 il est le second centre culturel en France après le Palais de la Découverte à Paris. Il y a trois, quatre ans, un incendie criminel l’a en partie endommagé, et il a fallu de nombreux et coûteux travaux pour la restaurer.

Saint Laurent

La place, située à l’extrémité de la rue Saint Laurent, la plus ancienne des rues de Grenoble, devant la Porte du même nom doivent leur dénomination à l’église souterraine placée sous le vocable de Saint Laurent et construite en l’an 350.

Cette église ou crypte Saint Laurent est située au-dessous de l’église actuelle. La crypte de l’église souterraine se compose d’une seule nef, avec deux absides et deux transepts formant une croix latine. On y accède par des escaliers, des colonnes de marbre blanc de Paros, et d’autres, de marbre rose de l’Echaillon supportent la voûte. Au cours de plusieurs périodes, on a découvert autour de l’église des ossements humains. Des inscriptions tombales remontent à l’époque romaine. L’église a été désacralisé en 1983 pour un site archéologique et un musée

Photos de Patrice Amiel