Janvier
blafard
Y a des mardis
comme ça, difficile de sortir du lit, du car...d’aller dans des coins comment
dire, hors du temps, déserts, étranges nappés de brume. La Motte d’Aveillans,
tout le monde descend ! Derrière l’animateur on se met en branle en traînant
les pieds comme si on allait au fond de la mine puis on prend le bord de la
route à la queue leu leu un bon kilomètre. A la première trouée, dans un virage
en épingle on vire soudain plein sud, direction Combefolle. De là on peut
commencer à admirer le paysage, l’itinéraire du petit train de la Mure, ses
ouvrages, on peut monter sans peine, descendre sans effort, on longe des champs
abandonnés à l’hiver, on passe à travers les mailles des collines, on s’enfonce
dans les sentiers couleur de pluie. Gris. Et on avale les kilomètres comme si
de rien n’était. Près de la Côte des Crozets, en hauteur on domine une énorme
flaque bleue, le barrage de Monteynard – Avignonnet. On laisse les
Rivoires-Closes, la Ratte, la Motte des Bains. C’est dans ce coin, au fond de la
vallée, qu’on découvre d’en haut
« Un château
», enfin quelque chose qui y ressemble au premier abord, ça en a la forme, mais
vite on déchante, on ne sait pas bien, horreur c’est pas un château. La bâtisse
n’a rien d’artistique, un camp d’internement ou bien un établissement carcéral
pour qui aurait fait les quatre cent coups ? A moins qu’on y ait pris les eaux,
au XVIII éme, dit-on... On s’en détourne sans regret, et de nouveau on
s’enfonce dans les chemins creux, sombres, on traverse quelques bois, de
pauvres prairies, un ou deux ruisseaux. On ne sait pas pourquoi ce lieu est
silencieux et triste plus qu’un autre et
si les seuls soleils sont les vilaines boîtes à lettres jaunes de la poste.
Elles seules semblent attendre vainement devant les quelques maisons parfois
lézardées, écaillées, aveugles du Vivier, des Bethoux, ou bien au Mas. La
boucle est bouclée quand on arrive à la Motte d’Aveillans. On passe devant la
Mine Image, sa mise en scène extérieure de Wagonnets peints de couleur jaune et
rouge pétants, bien propres. Que c’est triste la Matheysine. Mais qu’est-ce qui
manque, qui il manque ou qui il n’y a plus... De leur temps l’air était doux,
et tiède après la rudesse de la tâche, ils en avaient les mains surprises, la
brume haute ombrait le ciel, sans l’obscurcir tout à fait, et quand ils
levaient la tête ils apercevaient le ciel aussi léger qu’un pelage de chat, les
collines lointaines à peine plus violettes, à peine plus épaisses dans leurs
arbres.
La Motte
d’Aveillans, Isère, 918 m d’altitude. La commune est bâtie sur un terrain
houiller, de grès anthracite. Exploitées industriellement, les mines ferment en
1956.
Merci à Denise
et Michelle nos admirables animatrices du groupe 4.
Photos de Marie-Chantal Arnaud Goddet – Groupe 1
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