Aujourd'hui 1er Mars c'est le dépaysement. Nous partons pour les collines vauclusiennes. Nous arrivons à Sérignan. On y note la présence de l'homme dès la préhistoire (découverte de silex, couteaux etc...). Vers le VIème siècle les phocéens et les grecs s'y installent puis
vient, ensuite, l'occupation romaine qui a duré près de 5 siècles et a été marquée par de grands travaux : marais asséchés, canaux creusés... De nombreuses caves voûtées datant de cette période ont été retrouvées dans le vieux village. Diane de Poitiers séjourna au château vers 1565.
Le départ est donné. Nous traversons les vignobles d'appelation "Côte du Rhône" puis vient la garrigue où se côtoient thym et romarin odorants. Ça et là de belles orchidées. Les oliviers font également partie du décor. Nous sommes bien en Provence. Repas joyeux et goûteux mais, pas le temps de musarder, le chemin est encore long.
Bientôt, perchée sur une falaise de 137 m, la forteresse de Mornas qui, telle une sentinelle, semble protéger le village médiéval niché à ses pieds. Elle a connu une importance majeure de l'Antiquité à la Révolution Française à partir de laquelle elle est tombée en ruines.
Elle a été redécouverte dès le XIXème siècle et depuis 1978 elle a fait l'objet de nombreuses rénovations par les Amis de Mornas. L'histoire de cette forteresse est liée à celle du Rhône qui servait de frontière à l'époque gauloise et qu'il s'agissait de surveiller des attaques ennemies. Elle a été longtemps disputée par les Comtes de Toulouse et les Archevêques d'Arles.
Descente très raide sur le village où nous retrouvons Pascal notre chauffeur.
Aujourd'hui nous avions un invité : un impétueux mistral mais, ne nous plaignons pas, dans sa besace il avait apporté un grand ciel bleu.
Merci à Vito (qui n'oublie plus les bonbons) l'initiateur de cette belle randonnée. Mais n'oublions pas ses célèbres lieutenants du jour : Denise, Jacques et Jean.
P.S - Bienvenue au petit nouveau Edouard qui vient enrichir la palette
de nos hommes.
Un passage délicat |
Château de Mornas
En hommage à Ginette
Oui. Lorsqu'il nous parvient à la conscience que notre mort ne serait pas
seulement la fin de notre vie biologique et le commencement d'une autre aventure
inimaginable on admet l'évidence que tous nos souvenirs vont mourir ensemble ? Alors nous sommes pris de vertige et le grand vent de l'épouvante nous souffle
au cœur avec autant de violence que celui de ce matin. Serait ce un signe... Et
nous restons là, encore plus ridés d'une vieillesse inattendue, gelés dans la
certitude irréfutable de clarté. Comment l'oublier, c'était mardi dernier la
mort a trouvé notre amie Ginette, l'a attrapée,et l'a emportée... se lamenter, pleurer,
déplorer l'irremplaçable absence, une perte sans prix et chaque instant de sa
conscience. Aujourd'hui les autres copains de l'ASTA auront un dernier sanglot
que personne n'entendra et un dernier cri ultime et silencieux. Les pleureuses
viendront dire quelques mots sur sa dépouille, on l'arrosera de larmes et d'eau,
il y aura des chants rituels et ils allumeront des lampes sur elle toute voilée
de fleurs.
S'il faut s'en aller un jour, nous nous en irons mais en attendant laissons
nous caresser par tout ce que nous voyons car il n'y aura aucune image sur la
route étroite de l'éternité. Nous ne savons rien ou plutôt nous connaissons la
grâce du chemin, l'air tout gonflé de soleil sur l'herbe courte, les promesses
de la vigne et la lavande pas encore fleurie et aussi la respiration de la
terre dorée semblable à la notre mélangée. Tout ça nous lui dédions... Elle avait
lu tant de livres, fait tant de voyages et admiré tant de fleurs, pas deux,
même pas seulement deux qui comme nous se ressemblent.
Nous sommes vieux comme la mer en ces instants et comme elle splendide,
l'entendez-vous rire? Ecoutez la qui tremble, roulant les soleils de ses ondes,
le ciel immense et tous les univers, écoutez la frémir et qui s'avance et s'en
retourne au rythme de notre tristesse et de notre joie de vivre mélangée.
Photos de Pierre Labbe (groupe 3)
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