On tient tout seul sur nos pieds
On en menait
pas large, Adrien avait dit, fini les balades comme vous avez fait la semaine
dernière, on va en montagne...ouais, mais...il n'y a pas de mais, le vertige,
en montagne il n'y a qu'à regarder où on met les pieds...
On a la
trouille...imprévisible, irraisonnée...comme l'aventure de sa propre existence...on
compte sur le doux sommeil de l'épuisement et nous dans le groupe quatre,
surtout sur Yves qui tient le gouvernail.
Allons vite,
voyons ce qu'il en est. Vite, si vite que j'ai oublié, acte manqué, qu'un de
nos trois Pierre a une peur panique du vide et qu'il est absent...Je le sais
mais je fais comme si...on est bien là, nous !
Prêts à
braver...nos démons, le vide, le chaos, les lieux hostiles, sauvages...et que sais-je,
alors que les petitesses, le quotidien c'est pas pour Adrien à qui il faut de
l'héroïsme, des sensations d'impossibles à braver, l'envie de fuir, être en
mouvement, être mouvement ?
Se jeter à
l'eau, se jeter dans l'aventure, être prêt à être plus rien, enfin presque
rien, réduits à une pure énergie, un atome en balade, quelqu'un, quelque chose
? Comment rester vivant, survivre, D'où viendra notre salut ? Commencer à
négocier avec des forces puissantes, la volonté de vivre...
Le coeur plein
de ces pensées, on gravit la montagne sans s'apercevoir que notre imagination a
pris la poudre d'escampette.
On a regardé
au loin la terre, ses vallonnements, les traces de ses rivières, de ses
torrents sans eaux seulement parsemés de piécettes d'or et d'argent d'encore
l'automne. L'écume de la forêt nous accompagne...
On a regardé
au loin la terre et peut être ses jardins étoilés de dahlias, empourprés de
dahlias... et de chrysanthèmes.
On a regardé,
deviné, Clelles, Tréminis, Mens, on n'est pas sûr...les montagnes au loin, on a
cherché leurs noms...
On a regardé
la terre, étalée comme un corps alangui sous un doux soleil, chacun de ses
reflets y rencontre nos désirs...nager, dormir, goûter et la source et l'eau
vive et la tiédeur et le tremblement du rire...
On a regardé,
on s'est miré, on a cherché nos espoirs, les bras toujours prêts à saisir...
On a regardé
le rayonnement du soleil et son poudroiement sur quelques saules, aujourd'hui
sur toutes les saisons réunies ... un, deux, trois, soleil soudain dans la
masse des nuages.
On a trouvé de
quoi s'asseoir, jouir de nos casse-croûte, de ceux que l'on a déjà faits de
ceux que l'on fera et on y met la langue, les dents et on croque à pleine
bouche les pâtes, le cochon de lait, et on lèche les glaces...car il y aura
même des glaces !
On a respiré
l'air frais, on est tombé à genoux devant une chose, puis une autre, comme
souvent le mardi et on tant aimé qu'on a oublié qu'on devait avoir le vertige
en haute montagne.
Photo d'Edouard Disdichian - Groupe 1 |
Photo Patrice Amiel - Groupe 2 |
Photo Patrice Amiel - Groupe 2 |
Texte d'Edouard Disdichian - Groupe 1
Que
dire après une si belle randonnée ? Je peux dire que
j'ai ressenti beaucoup d'émotions devant un si beau paysage, la majesté de ces
montagnes du Dévoluy.
Le beau temps nous a
bien accompagnés tout au long de ce périple. Une matinée sans trop de fraîcheur,
un ciel bien bouché au départ, que d'interrogations ce matin. Et puis à la
sortie de la forêt, nous voici au-dessus d'une mer de nuages !
Le Vercors émergeant à
l'horizon, comme un continent que l'on s'apprête à aborder, une nouvelle terre
à découvrir. Que la nature est belle .foutons lui la paix !
De notre côté, nous
poursuivons le périple pour nous retrouver sur un pâturage, juste en dessous
des falaises du Dévoluy, falaises où nous découvrons les différentes strates de
roches.
Cette montagne est
productrice de roches, et elles sont récupérées tout en bas puis transformer pour
la construction, rien n'est perdu.
Je crois que l'ensemble
des groupes a bien apprécié la journée, j'espère que chacun a trouvé son
plaisir dans l'ensemble de ces vues splendides.
Arrivée des groupes 3, 2 et 1 - Photo Monique - Groupe 4 |
Texte de Régine Dupuy - Groupe 2
Groupe 2 – Affronter ses peursAdrien a dit : dénivelée 1100 m – cotation 2 – passages délicats en falaises.
Ouille ! J’ai peur, peur du vide, peur de ne pas être à la hauteur, peur de gêner les autres…. Mais par
contre, je sais que je peux compter sur le soutien des copains. Tant pis, j’y vais. On verra bien et pour
voir… j’ai bien vu.
Nous sommes sortis de la forêt juste au-dessus de la mer des nuages où flottaient d’improbables îles.
Somptueux. Là, la vraie montagne nous attendait avec ses falaises, ses creux d’ombre, ses secrets.
Nous avons grimpé sur un fil en jouant avec nos ombres ; un petit coucou aux copains du groupe 4,
petits confettis rassemblés tout en bas au pied du refuge, et nous avons attaqué le balcon de l’Obiou.
Là, mes amis, je n’en menais pas large, heureusement car le sentier était étroit. Je n’ai plus quitté du
regard les chaussures (elles n’ont jamais été si belles) de Maryse qui a été un guide fantastique.
Même pas peur ! Du vide, je n’ai rien vu, j’ai franchi avec sérénité tous les passages délicats. Il y a
des jours où les œillères ont du bon !
En lieux sûrs, dans la sublime lumière de l’automne, j’ai pu profiter de la splendeur des paysages : les
herbages infinis, les roches plissées, le chaos violent de l’Ebron, les mélèzes dorés sur le ciel bleu...
Merci Adrien de nous avoir proposé une incursion sauvage dans une nature grandiose.
Merci Alain pour ton courage à guider ton « troupeau » si gentiment.
Merci de m’avoir permis de repousser mes limites.
J’aimerais tant donner un peu de cette lumière et de cette vie à ceux qui en ont tant besoin en ce
moment.
J’ai mal aux genoux mais j’ai si chaud au cœur… Ne comptez quand même pas sur moi pour
l’escalade ou la via ferrata.