Texte de Gisèle Rigal - groupe 4, photos d'Anne Persillon - groupe 4
Juillet, chaud.Très chaud.
C'est l'été. Le réchauffement climatique ? Depuis plusieurs étés, ça
chauffe. Au commencement le réchauffement était timide. Il avançait à pas de
loup, légèrement, indiciblement. Alertes, canicule, on n’en est plus là, c'est
un fait, on est sur la mauvaise pente. D'abord les hirondelles ont décidé de
passer l'hiver en France, et puis les étés ont mis les bouchées doubles, ils
sont devenus irrespirables. Un mauvais moment à passer ? Le thermomètre finira
bien par revenir à la normale cet automne ? Oui, mais l'automne, maintenant
n'est plus qu'en novembre !Il faut attendre.
Ce matin, sur la pointe des pieds, les sacs alourdis de bouteilles d'eau
on va voir si là-haut, il fait moins chaud. Si on doit dire adieu à la
blancheur de la neige, l'étincellement des cimes éternelles. Direction
Chamrousse-Le Recoin.
C'est dans cet endroit que s'est développé vers 1890 le ski dans la
région, permettant à Chamrousse d'accueillir le ski alpin lors des Jeux
Olympique de 1968. L'origine du nom Chamrousse ? -Champ roux- pas du tout, même
si aujourd'hui les pentes sont rosies par les rhododendrons à profusion. Cham,
"calm" a le sens de lande, plateau.Rousse, "rocc" celui de
rocca, rocher, roches. Et ça donne" plateau de rochers". Et des
rochers nos pieds en ont mangé toute la journée. Mais d'abord, on marche dans
des pâturages d'altitude, humides et chauds, où les fleurs s'épanouissent, et
où les cours d'eau s'échappent de partout, nous accompagnant jusqu'au lac des
Pourettes.
Marie Françoise nous guide, pas seulement pour nous montrer le chemin que
l'on devrait suivre au pied de la lettre. Cela serait sans compter sur nos
toujours, joyeux gais lurons. Elle fait partie des personnes qui luttent pour
que les mots fassent encore penser. C'est aussi à ça que sert la marche en
groupe. Sinon on plongerait facilement dans la torpeur du conformisme,
prisonnier de nos habitudes, d'interdits intériorisés, traditions mutilantes...
la routine aurait vite fait de nous priver de la liberté de réfléchir par nous-mêmes.
Car il n'est pas interdit à intervalles réguliers de lever le pied, avant de
regarder où on les met. On crapahute, on glisse, on se cogne, on se hisse dans
la nature sauvage. Le soleil se couche littéralement sur nous, lourd, chaud,
dégoulinant pourtant il ne nous empêche pas d'arriver aux lacs Robert puis
après petite grimpette jusqu'au col de Lessines. Le groupe 3 se prélasse, on
s'en éloigne légèrement pour pique-niquer à notre tour et paresser. Chaque
souffle nous apporte un parfum, chaque pierre sa couleur, chaque feuille son
essence dans l'étincelle rouge de soleil. On finira par le reprendre ce chemin
à main gauche celui qui descend vers les lacs. Rocailles, pierrailles,
caillasses tout y passe, on va, on marche, on se courbe, on se redresse avec du
mal...on siffle, on rit, on se lasse, on tombe, on se relève pour atteindre
enfin, le col de la Botte. On a vu plein de petits lacs, on laisse le col de
l'Infernet et le lac du même nom et on finit par débouler au lac Achard. On
musarde un instant pour reprendre de plus belle. Est-ce loin, encore ? On se
dit qu'à un moment ou un autre on finira bien par arriver à la Roche Béranger.
Et on y arrive, et pas les derniers.
Dites, mais dites-moi, que vous avez aimé cette randonnée, et les
montagnes magnifiques à voir toutes recouvertes du corail de l'été. Merci à
toutes et tous.
Lac Achard |
Lacs Robert |