04/01/2018 : Le Fort du Mûrier

Texte de Gisèle Rigal, photos de Robert Selbmann
Entre temps et temps
Aujourd'hui, mardi s'est transformé en jeudi. Angoisse. On le sait, une RAMeuse n'est pas taillée comme un RAJeur. Il va falloir assurer. Envieuse, elle fait des pompes, des abdos, s'enfle et souffle pour égaler les bougres...disant " vous avez vu les mecs, eh, voyez donc, ça vous va, dites, suis je à la hauteur - tu parles- et là - cours toujours- j'y suis? - tu te mets le doigt dans l’œil-" Elle se met à rêver : propulseurs à ses semelles, EPO, hormones...coach... Dringggg !!!! le réveil sonne, sortir du rêve, intégrer la réalité. Autre embûche, il pleut "comme vache qui pisse". Y vas, y vas pas... Allô Robert - il dort encore - Allô Séraphine - on y va, pourquoi -?
Eybens, la piscine, personne. Robert arrive, Séraphine, chic alors, Roland et ... c'est tout! On est quatre.
A plein ciel, il pleut toutes les eaux de toutes les rivières et les fleuves, les eaux des lacs, des rosées vives, des sources égorgées, des gouttes à gouttes des racines et des arbres, toutes les eaux cachées, les eaux des pluies, des orages et la bruine, les lents brouillards et les brumes immobiles. La pluie passe par dessus les murs, elle emporte les haies, elle coule, s'écoule, bondit, inonde. C'est fini. La pluie...et les bobards!
Au bout d'un moment, pas longtemps elle s'est arrêtée. Elle s'est posée sur les arbres avec les corneilles. Au dessus le ciel, ruissellement de lumière. Au bout des prés, face à nous "à deux heures" le bleu du ciel! Au cœur de l'herbe le balancement des gouttes de soleil.
Séraphine habite Eybens et connaît le coin comme sa poche. Les chemins, passages, fourches, croisements...champs, prés, clôtures, haies, - "là passent des sangliers parfois des cerfs"- Nos chemins traversent les bois de châtaigniers de Pératière d'un côté, les bois de Pisalis de l'autre. La vue sur Grenoble et le Vercors est magnifique quand, pendant un moment le brouillard ouvre ses rideaux. Sur les crêtes on rencontre les hameaux, Romage serré, ramassé. Les fermes ont été transformées en belles maisons cossues, la fontaine coule toujours. Les vignes, les imaginer soudain fleuries au regard, aux envies, et mûres d'un coup sur les sarments de feuilles rousses. Aujourd'hui ceps arrachés, racines retournées, grangeons abandonnées (noms donnés aux cabanes de vignes dans la région).
Notre rando servira de sortie de reconnaissance pour nos animateurs. Ils se la mettent sous le coude.
Inutile de vous dire qu'elle était superbe, gaie et chaleureuse et comme si ça ne suffisait pas elle se termine chez Séraphine pour l'apéro! Les galettes et le cidre, on a tout mangé? surprise.

Un pied dans l'année qui meurt, un pied sur l'année nouvelle, à cloche pied tantôt sur le temps qui passe, tantôt sur le temps qui vient je veux souhaiter à chacun la santé qui permet d'entretenir de bons rapports avec la vie, même si pour certain ça coule d'une source. Je souhaite que la vie se reproduise encore longtemps chaque saison comme si elle devait se répéter toujours, avec légèreté , au-delà des préoccupations, des sentiments, des émotions.
Et comme dit Yves - ce n'est pas le nombre des années qui compte mais la vie que l'on met dans nos années-